Insaisissable Franz Liszt ! Tantôt broyeur d’ivoire et coqueluche des salons, pédagogue réputé et amoureux en fuite, peintre musical des beautés naturelles comme des fulgurances du folklore, il surprend son monde en recevant, au solstice de sa vie, la tonsure et les quatre ordres mineurs de l’Eglise catholique. Et pourtant, à y regarder de plus près, cet « appel », incarné ici par la profonde Via Crucis, vibre en lui depuis le début. Il l’écrit noir sur blanc dans son premier testament, rédigé le 14 septembre 1860, jour de la fête de la Sainte Croix. « Le nom de cette fête dit l’ardent et mystérieux sentiment qui a transpercé comme d’un stigmate ma vie entière. Oui, la folie et l’exaltation de la Croix, c’était là ma véritable vocation. Plus d’une fois, j’ai répété, agenouillé, avec la procession pieuse, O crux ave spes unica. » Un « Chemin de Croix » qui ne peut mieux commencer qu’auréolé des polyphonies pionnières de Palestrina et des accents plus « contemporains » du Vexilla regis, hymne consacrée à la Croix et dernier motet de Bruckner.